dimanche 4 septembre 2016

LE PIQUE NIQUE DES ORPHELINS de Louise ERDRICHT


Louise Erdrich est un écrivain américain de premier plan et la sortie de ce romain fut salué en son temps par Philip Roth lui même. Il faut saluer la collection "Terres d'Amérique" dirigée par Francis Geffard chez Albin Michel de nous proposer une nouvelle traduction de cet ouvrage. La traductrice Isabelle Reinbarez a su rendre à ce récit à la fois la complexité de sa construction tout en sachant conserver la tension narrative que Erdrich lui a imprimé dès les première ligne. "Le pique-nique des orphelins" est le roman de l'abandon, des déchirures familiales et des tentatives successives pour retrouver un amour perdu. L'oeuvre, portée par l'écriture inspirée de l'écrivain, s'étend sur presque un demi siècle puisqu'il démarre en 1932 quand deux enfants, Mary et Karl, devenus orphelins, vont tenter de rejoindre leur tante Fritzie dans une ville du Dakota du Nord. Les Etats Unis traversent une crise économique épouvantable et il ne fait pas bon être orphelins dans un pays qui a bien du mal à nourrir toute sa population. Leur mère, Adélaïde, est monté dans l'avion d'un pilote qui se livrait à des acrobaties au dessus du champ de foire où se déroulait une fête foraine. Elle ne reviendra jamais de ce baptême de l'air laissant ses trois enfants les yeux perdus dans le ciel. Mary et Karl vont alors abandonner Jude, qui n'était alors qu'un nourrisson, à un inconnu sur le champ de foire puis ils vont monter dans un train de marchandises pour retrouver ce qui leur reste de famille.
Ce roman de 1986 est une extraordinaire saga dans laquelle Louise Erdricht démontre à la fois un talent de portraitiste et une capacité à raconter plusieurs histoires parallèlement car le lecteur qui monte avec les enfants dans le train ne les quittera qu'en 1972 au moment où se termine "Le pique-nique des orphelins" . Nous pouvons suivre l'évolution de Mary et de Karl à travers une habile alternance des narrateurs qui permet au récit de se relancer constamment.
Erdricht est un écrivain de la lenteur, elle écrit le temps au rythme d'une Amérique profonde dans laquelle il ne se passe pas grand chose, où les gens restent toujours à la place que la vie leur a assignée. Argus la ville où Mary a trouvé refuge semble plantée dans un décor immuable où les protagonistes reproduisent chaque jour des actions identiques. On va suivre Mary et son ami indienne Célestine, on marche à côté de Karl pour qui certaines femmes nourrissent des désirs passionnés. Mais, à la manière de Faulkner, Louise Erdricht montre aussi la violence de la vie et les puits d'obscurité qu'il faut traverser pour retrouver un peu de lumière. Un roman fort et terrible, plein de poésie et de fureur, de passion et de beauté.
Archibald PLOOM

CULTURE-CHRONIQUE.COM encourage ses lecteurs à se rendre en librairie  afin de soutenir le réseau des libraires françaises. Vous pouvez aussi cliquer sur le logo "Lalibrairie.com", votre commande sera envoyée chez le libraire de votre choix. Enfin, hormis "Amazon", toutes les librairies en ligne que nous vous proposons sont aussi des librairies de centre-ville que nous vous encourageons à découvrir.
© Culture-Chronique --                                                


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire