Dans les années 1920 une jeune fille fiancée de longue date au fils d’une riche famille italienne arrive d’Argentine à l'improviste dans la grande demeure de son futur époux – celui qu’on appellera "le fils" tout au long du roman. Ce dernier n'est pas là, il vit en Angleterre et envoie régulièrement des caisses pleines d’objets parfois surprenants… Alessandro Baricco nous propose avec « La jeune épouse » un roman où désir et sensualité s’installent progressivement à mesure que les personnages de la vaste demeure viennent à la rencontre du lecteur. L’écrivain joue avec habileté sur les changements de narrateur, le procédé est habile mais peut rapidement perdre un lecteur égaré dans sa rêverie, et ceux qui aiment Baricco savent à quel point sa littérature joue avec les frontières du songe et du réel. La maisonnée fonctionne selon des rituels immuables, petits déjeuners interminables, dîners tardifs et frugaux, après midis consacrés à la gestion de l’usine familiale, vacances intangibles. A travers les personnages, le père, la fille, la mère et l’oncle, la jeune épouse découvre progressivement certains secrets de famille tout en s'initiant aux plaisirs du sexe, terminant finalement son initiation au bordel de la ville.
Baricco a su, une fois de plus, créer une atmosphère romanesque diffuse et pleine d’étrangeté avec la virtuosité littéraire qu’on lui connaît, confrontant son lecteur, à travers le parcours initiatique de la future jeune épouse, aux pulsions humaines éternelles, aux tabous et à l’attente.
Si le roman, par sa forme même, est brillantissime la dimension érotique est pour le moins compassée pour ne pas dire ennuyeuse. Le libertinage de la jeune épouse est constamment différé et l’écrivain passe très vite sur les scènes les plus sensuelles. Il préfère construire son récit sur la suggestion ce qui aurait pu être, après tout, un parti pris honorable mais la dimension sexuelle est trop présente pour être traitée de façon aussi distanciée. On aurait aimé voir un Barrico un peu plus inspiré dans un domaine où il aurait pu, finalement, se montrer novateur.
© Culture-Chronique --
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire