jeudi 13 octobre 2016

NOS LIEUX COMMUNS de Chloé THOMAS


Au lendemain de mai 68  certains intellectuels d’extrême gauche abandonnèrent leurs livres et ce que certains dénonçaient déjà comme un confort “petit bourgeois” pour s’établir dans les usines et travailler de leurs mains. On les appela “les établis”. La plupart rompirent définitivement avec leur milieu, d’autres revinrent au point d’origine après quelques années d’immersion ouvrière.  “Nos lieux communs” de Chloé Thomas revient avec acuité et délicatesse sur cette période particulière de l’histoire de notre pays.  L’écrivain  reconstruit  la trajectoire de Bernard et Marie  qui vont tenter cette aventure dix ans plus tard comme pour raviver une flamme sur le point de s’éteindre, “… petit à petit, les usines avaient cessé d’occuper les esprits ( et c’est elles qu’on renonçait aussi, doucement,  à occuper). Quelque chose à leur propos devenait historique, gagnait à ce titre en prestige  ou en droit d’émouvoir, comme si elles étaient à peine moins sacrées  qu’une de ces reliques joliment archivées qui éveillent la fascination et aussi le dégoût.”  L’écriture  de Chloé Thomas avance  sur une ligne d’horizon  brossée à la mine de plomb, des silhouettes qu’on croyait disparues se distinguent à nouveau  et surgissent du tunnel de l’histoire.  Bernard  après quelques années  va renoncer  à la révolution tandis que Marie  va continuer  à travailler  en usine. Pierre  leur fils sera élevé par son père loin de Marie qui s’est définitivement éloignée. “ Pierre et Bernard avaient d’une certaine façon grandi ensemble, l’un contre l’autre, dans ce qu’ils auraient pu croire la même absence de Marie mais qui prenait en chacun d’eux une coloration différente , irréconciliable”  C’est Jeanne, l’amie de Pierre, qui va tenter de retrouver les pièces manquantes de leur histoire.     Progressivement les choix des uns et des autres viennent sourdre  à la surface  du récit  et éclairent  d’une lumière de crépuscule  cette flamme que chacun entretenait de son côté.  La révolution  avait un prix mais quand on a vingt ans  son évaluation n’a aucune importance, reste que plusieurs décennies plus tard  chacun  a réglé son addition et rien n’est vraiment terminé.  Désormais les discours de Bernard sont truffés de guillemets qui sont autant de prises de distance avec ce que fut sa relation vis à vis de l’idée révolutionnaire. Que faut-il encore croire quand le temps a tout usé ?  Au terme du roman on reste étourdi par la maturité de cet écrivain de trente ans qui parvient à sonder les silences d’une génération militante à travers  le combat  d’une femme qui assuma  toutes les conséquences de son engagement.   “Nos lieux communs”  n’est ni un réquisitoire, ni un roman à charge mais plutôt un voyage au coeur d’un passé qui éclaire encore notre présent d’une faible lueur.  Magistral !

Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)


lundi 3 octobre 2016

UN DANGEREUX PLAISIR de François VALLEJO

Voilà un de ces romans qu’on commence dans l’allégresse et qu’on abandonne avec regret, un de ces romans plein de saveurs, de parfums et de sensualité.  « Un dangereux plaisir »  est le roman d’une quête obsessionnelle, celle d’Elie Elian, un jeune garçon qui n’est guère inspiré par ce que ses parents lui proposent à manger. En revanche il passe des heures à observer la vie du restaurant qui se trouve en face de chez lui : « ces mains hachant menu à toute allure, saupoudrant des épices en ondes mesurées, arrosant une pièce de volailles en trois cuillerées, coupant la peau d’une dorade royale de deux traits,  séparant le jaune d’un blanc d’un coup sec, escamotant la coquille… » Un véritable spectacle qui n’en finit jamais et que l’écrivain décrit avec une finesse et un soin du détail qui replace  chaque geste dans le mouvement général d’une cuisine de restaurant. 
   Le jeune Elian va consacrer toute sa vie  à la cuisine, au point d’en oublier tout ce qui fait le reste d’une existence.  La cuisine, juste la cuisine, rien que la cuisine. Il va aiguiser son savoir et ses aptitudes de place en place, apprenant en silence.  Mais comme il casse un peu trop de vaisselle il finit par se retrouver à la rue où il  fréquentera toute une faune de mauvais garçons qui lui apprendront  la grivèlerie.  Mais son aventure ne va pas s’arrêter là et Elie va rapidement rebondir  dans le restaurant de Jeanne Maudor qui lui ouvrira sa cuisine et son cœur, préparant  les étapes futures de l’inexorable quête du jeune cuisinier.
   François Vallejo nous offre  un magnifique récit immergé  dans le monde de la cuisine,  qui fonctionne  comme le symbole de la permanence  et qui est assurée par des hommes qui voient leur vie dévorer par leur passion.  Ce que va comprendre Elie dans son enfance, il va le mettre en pratique dans sa vie mais, en vérité, les enjeux profonds lui échappent.  La métaphore de la cuisine  résonne  comme un coup de feu qui durerait une existence entière.  « Un dangereux plaisir »  est un texte somptueux et  tendu qui tente de saisir ce geste aristocratique qui nourrit les hommes.  A ne manquer sous aucun prétexte.
Archibald PLOOM  (CULTURE-CHRONIQUE.COM)

L'ARGENT de Charles PEGUY


Quelle bonne idée ont eu les éditions “Louise Bottu” de publier  “L’argent” ce grand texte de Charles Péguy dans la collection “Inactuels/intempestifs”. Ce court essai, qui parut quelques mois avant la première guerre mondiale où Péguy devait sombrer corps et âme avec des millions d’autres, conserve une actualité et une pertinence  qui  laisse pantois.  Lire ou relire “L’argent” c’est se plonger dans une eau vive qui réveille la conscience et les forces vitales de l’esprit.  On retrouve le style direct et plein de verve d’un Péguy au sommet de son art d’essayiste. Les formules font mouche et éclairent des évolutions  qui, depuis, se sont accélérées de manière considérable. “L’ancienne aristocratie est devenue comme les autres une bourgeoisie d’argent. L’ancienne bourgeoisie est devenue une basse bourgeoisie, une bourgeoisie d’argent. Quant aux ouvriers ils n’ont plus qu’une idée, c’est de devenir des bourgeois. C’est même ce qu’ils nomment devenir socialistes.”   Péguy force les verrous sociaux et les apparences sociologiques avec la précision  d’un laser.  Il déteste l’argent et sa réflexion parait  parfois prophétique : “Par on ne sait quelle effrayante aventure, par on ne sait quelle aberration de mécanisme, par un décalage, par un dérèglement, par un monstrueux affolement de la mécanique, ce qui ne devait servir qu'à l’échange a complètement envahi la valeur à échanger.” On lit déjà entre les lignes la logique implacable de la maximisation des profits, celle qui déshumanise et qui fonctionne désormais sur le mode algorithmique.  Mais Péguy n’était pas un prophète, il avait juste  la lucidité des grands esprits qui parviennent à saisir dans l’avenir les conséquences du présent.
 Cette nouvelle édition parait en des temps où l’histoire semble de nouveau glisser sur la mauvaise pente. Il y a cent ans Péguy était déjà mort, fauché, comme Alain Fournier, dans les premiers jours de la guerre: mort à l’ennemi selon la formule de l’époque. Mais pour nous Péguy reste vivant à travers des textes aussi éclairants que “L’argent”. Nous en avons bien besoin en des temps où la parole politique semble discréditée et où la transcendance et l’idéal semblent s’être perdus dans les travées d’une interminable galerie marchande qui figure la société d’aujourd’hui. 
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)

GERMANICUS de Yann RIVIERE


Le dernier ouvrage de Joël Schmidt “La mort des César” raconte avec beaucoup de talent  la fin des soixante dix empereurs romains qui se succédèrent à la tête de l’Empire jusqu’à sa fin.  Mais il existe une catégorie de princes qui n’accédèrent jamais  à la magistrature suprême alors même qu’ils en avaient l’étoffe. Ce fut le cas de Germanicus qui mourut à 34 ans à Antioche manquant une consécration qui lui tendait les bras. Yann Rivière qui  connait parfaitement l’histoire politique et juridique de la Rome  Antique nous propose  une biographie serrée de plus de cinq cents pages  de celui qui fut le petit fils de Marc Antoine, l’époux d’Agrippine et le père de Galigula. 
   D’emblée l’historien s’interroge.  L’Empire n’aurait-il pas été plus puissant  si Germanicus n’était pas mort  si jeune ?  Son entreprise de consolidation de la domination romaine en Orient n’aurait-elle pas été menée à son terme?  S’il avait vécu, le roi des Parthes qui a pleuré sa mort n’aurait-il pas pas vécu en bonne entente avec Rome au cours  des années suivantes plutôt que de s’engager dans une guerre qui vida les caisses de l’Empire pour le contrôle de l’Arménie. Toutes ces hypothèses restent évidemment au conditionnel mais elles en disent long sur la personnalité hors du commun. En effet peu de ses contemporains auraient pu imaginer que le fils de Livie et de Marc Antoine occuperait une telle place dans l’Etat Romain et qu’il contribuerait autant à la défense de l’Empire. Rappelons  qu’il brilla avec ses légions en Illyrie  et qu’il effaça le désastre de Varus en Germanie en infligeant une cruelle défaite au chef légendaire Arminius.  La suite de son ascension  se poursuit en Orient  où il consolida la paix  et joua un rôle politique de premier plan.  Il mourut persuadé qu’on l’avait  empoisonné  ce qui est bien possible et ce qui ne déplut pas forcément à Tibère qui assistait l’ascension de Germanicus avec inquiétude.  Reste que dans toutes les régions où il passa son souvenir resta vif longtemps  après sa disparition.
  Ce “Germanicus”  de Yann Rivière se lit comme un roman. Nous traversons  l’Empire au côté de l’un des personnages les plus flamboyants que Rome enfanta.   L’ouvrage est à fois un formidable récit et  une minutieuse reconstitution  historique. L’un des meilleurs livres d’histoire de l’année. 

(CULTURE-CHRONIQUE.COM)

LES RÈGLES D'USAGE de Joyce MAYNARD


Le 11 septembre a marqué de son empreinte la vie des New Yorkais mais a aussi considérablement influencé les écrivains américains. On pense à Dan Dellilo ou encore à Jonathan Safran Foer qui nous ont proposé des romans hantés par la conflagration de cet événement.  Joyce Maynard  avec “Les règles d’usage” fait, elle aussi,  démarrer  l’action de son récit le 11 septembre 2001.
   Pour Wendy, treize ans, qui vit avec sa mère, son beau père et son petit frère à Brooklyn c’est une journée comme les autres du moins au début.  Mais après les attaques terroristes sa mère ne revient pas.  “Ils ne savaient pas grand chose. Seulement qu’un avion s’était écrasé contre une des tours du World Trade Center. La tour de sa mère.  Dans la salle de classe, les élèves avaient pour consigne de rester assis à leur bureau jusqu’à ce qu’on vienne les chercher. Les trois quarts d’entre eux étaient agglutinés devant les fenêtres, non qu’on vît grand-chose à cause de la fumée.” Le décor est posé, infiniment tragique.  L’attente va être interminable, des heures, puis des jours.  La sidération gagne chaque membre de la famille. Progressivement Wendy prend conscience  de cette irrévocable absence. Lentement  la réalité  qui était la sienne se dérobe,  comme pour tous les enfants à l’orée de  l’adolescence  la famille possède un caractère  définitif.  Pourtant  pour Wendy tout a basculé  et rien  ne subsiste  plus qu’un douloureux  souvenir.
   Commence alors une longue quête qui va voir Wendy partir chez son père en Californie, un homme qu’elle connait mal,  tout en cherchant  de légitimes  réponses à la situation que le destin lui impose.   Elle va bientôt cesser de se rendre au collège préférant partir seule à l’aventure dans les rue de Davis, la petite ville de la banlieue de Sacramento  où son père  Garrett a élu domicile.   Ces fugues vont déboucher sur des rencontres souvent surprenantes : une mère adolescente, un libraire  plein d’esprit et de clairvoyance et son fils autiste,  un jeune marginal qui traverse le pays pour retrouver un frère hypothétique.  Chacune d’elle aura une vertu cathartique, chacune de ses réponses lui offrira la possibilité d’un autre regard sur la vie.  Wendy va alors quitter l’enfance et entrer de plain pied dans l’adolescence en prenant une décision très personnelle, celle d’un choix de vie, le sien.
   “Les règles d’usage”  est sans doute le meilleur roman de de Joyce Maynard  fort bien traduit par Isabelle D. Philippe. Roman de la perte tout autant que de la renaissance à soi même,   “Les règles d’usage”  entraîne le lecteur dans une profonde méditation sur le sens de nos existences  et nous rappelle quel incroyable privilège nous avons d’avoir, tout simplement, la chance de vivre.  
Archibald PLOOM

LA MER D'INNOCENCE de Kishwar DESAI


 En Inde les viols collectifs sont malheureusement devenus l’une des mauvaises habitudes d’une société où la répression sexuelle est à tous les coins de rue. Moralisme hypocrite d’un côté,   débordements brutaux de l’autre. Une fois de plus les femmes sont les premières victimes de la folie des hommes et de l’incapacité de certains d’entre eux à contrôler leurs pulsions.  L’affaire la plus emblématique fut le viol collectif en 2012 de l’étudiante Juoti Singh Pandey dans un bus à Delhi. Cette dernière décédera quelques jours plus tard.  Les médias s’alarmèrent, l’opinion se scandalisa  mais les viols collectifs continuèrent de prospérer, les autorités  préférant pourchasser les amoureux qui s’embrassent dans les rues  plutôt que de s’interroger sur les conséquences désastreuses  d’une politique  qui sape progressivement  les bases d’une société qui inventa pourtant le Kama Sutra.
   L’écrivaine indienne Kishwar Desai va s’inspirer de ces faits pour mettre en scène  pour une troisième enquête  Simra Singh cette travailleuse sociale qui est venue passer quelques jours de vacances avec sa fille adoptive à Goa, station balnéaire et l’une des capitales du mouvement hippie.  Ceux qui ont lu les deux précédents, “Les témoins de la nuit” et “Les origines de l’amour”, savent déjà que Simra est le double de l’écrivaine, une femme qui refuse la condition qu’on impose à ses soeurs.
 Dans “La mer de l’innocence”  les vacances de Simra Singh vont être interrompues par le viol puis la disparition d’une jeune anglaise.  L’enquête va révéler un Goa  très inquiétant, celui des trafics de drogue,  des enlèvements de touristes, des meurtres  et des crimes liés à des mafias de toutes sortes.  Le mythe  beatnik s’effondre ainsi que toutes les illusions qu’on pourrait se faire sur le progressisme indien.  Kishwar Desai  est devenue maîtresse dans l’art  de faire progresser son récit . On tourne les pages de plus en plus vite et  on  s’associe au plaidoyer  de l’écrivaine indienne en faveur de la condition féminine dans son pays.  Le roman est d’ailleurs dédicacé à toutes les victimes indiennes de viol. Au terme  de “La mer de l’innocence” on se dit que , décidément, le monde ne va pas bien mais Kishwar Desai sait en faire une peinture implacable et on quitte Simta Singh avec regrets. 
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)


vendredi 30 septembre 2016

LES PIERRES DE MEMOIRES de Philippe NONIE


Philippe Nonie nous propose avec “Les pierres de mémoires” un étonnant roman construit autour d’un récit inter-générationnel qui revient sur une réalité historique que beaucoup ignorent encore. “ Pendant des siècles, les cagots ont été ces hommes et ces femmes traités comme des dégénérés. Ils vivaient en communauté tels les lépreux dans les lazarets. Ils ne mesuraient guère plus d’un mètre cinquante, parfois moins, et devaient porter une patte d’oie cousue sur leurs habits pour les distinguer des autres. Dans les villages, un cours d’eau – un ru, une rivière, un fleuve – faisait systématiquement office de frontière entre les cagots et les autres…”
   Il manque à Henri, personnage principal du roman, quelques centimètres, ce qui fait de lui un cagot.  C’est un adolescent sensible et discret. Il vit en retrait de ceux de sa génération et sert d’homme à tout faire dans l’exploitation agricole familiale pas très loin  de Bagnères-de-Bigorre, dans les Pyrénées. Mais Henri il supporte mal sa condition de paysan. Il rêve à un autre destin, loin de cette ferme où il perd son temps. En effet c’est un grand lecteur et il possède un véritable talent pour l’écriture. Au fond de lui il veut être écrivain mais ses parents considèrent les gens de lettres comme des ratés. 
   Le roman reprend pas à pas l’itinéraire d’Henri vers cette existence qu’il sent possible mais que les circonstances semblent lui interdire. Tout va commencer par une étrange  rencontre dans un champ que les gens  appelle « La parcelle aux génisses » près  d’une grange en ruine. L’adolescent découvre une peintre inconnue qui a planté son chevalet pour peindre la grange. Cette dernière  va poser ses doigts sur les yeux du cagot et lui demande de toucher les pierres dont elle prétend qu’elles possèdent une mémoire. Le lendemain, il est en proie à une intense créativité qui ira en s’intensifiant tout au long du roman et qu’il doit satisfaire en écrivant. Le virus est inoculé et  Henri se dirige vers une existence très différente de celle qui aurait dû être la sienne.
   « Les pierres de mémoires » fonctionne sur le mode du conte poétique qui vous saisit au vol et ne vous  libère qu’à la dernière ligne.  Roman de la libération d’une vie, imprégné de poésie et obsédé  par l’acte même d’écrire  « Les pierres de mémoires »  est aussi  un roman profondément  ancré dans le temps, des années 60 au début des années 2000.   Un très beau roman. 

AVEC LA MORT EN TENUE DE BATAILLE de José ALVAREZ


José Alvarez nous propose “Avec la mort en tenue de bataille”  le roman d’une quête mais aussi celui d’une métamorphose, celle d’Inès  une respectable mère de famille que le destin  et l’histoire viennent frapper en plein coeur.  Alors que la guerre d’Espagne vient de débuter, le mari d’Inès, Léopoldo, est bloqué avec son navire à Buenos Aires. Il ne reviendra pas, envoyant à sa femme des nouvelles laconiques. Elle devra affronter la guerre seule. Une guerre civile qui commence pour elle par la trahison de son confident, le père Alfonso.  Distance du mari, trahison de l’homme d’Eglise, des circonstances qui auraient brisé plus d’une femme d’autant qu’un événement terrible va s’ajouter aux précédents :  Inès n’a plus aucune nouvelle de ses enfants qu’elle avait mis à l’abri en France.  Sa quête commence alors et va révéler chez cette femme, contre laquelle le sort s’acharne, une énergie et une détermination qu’elle même ne pouvait pas soupçonner.    
   Jetées en prison, après la dénonciation du prêtre, Inès et sa sœur seront  emprisonnées avec des centaines de républicains, anarchistes, communistes. Inès découvre les agissements de ceux qui veulent protéger “la pureté de la race”, “anéantir le virus communiste”, “éradiquer le gène marxiste”, autant de formules issues de l’idéologie fasciste. Elle assiste au triste spectacle d’un mal qui va progressivement contaminer toute la société espagnole. Avant d’être relâchée, Inès a le temps d’assister aux pires  aux  tortures, aux fusillades, au naufrage conjoint de  l’humanité et de la dignité. Face à ces événements Inès va devenir une intrépide combattante qui se refuse à choisir entre les factions politiques qui se déchirent.  La disparition de ses enfants l’obsède et elle va parvenir à trouver des alliés pour retrouver leur trace dans une Espagne à feu et à sang.
Avec la mort en tenue de bataille” réveille les fantômes d’une guerre atroce en ressuscitant le combat de milliers d’anonymes qui tentèrent de sauver l’essentiel : l’amour qu’on porte aux siens.  A la foi mère courage, combattante intrépide  et femme aimante, Inès est l’allégorie de ceux qui résistèrent à la fatalité en lui opposant la liberté. Un roman à la fois terrible et vivifiant.  
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)

BRONSON d'Arnaud SAGNARD


Ce “Bronson” d’Arnaud Sagnard est un sacré bon roman, l’un de ceux qu’un auteur nourrit longuement avant de se mettre au travail.  Charles Bronson est l’un de ces acteurs emblématiques du cinéma hollywoodien qui a tourné une quantité de films hallucinante, un homme au sourire énigmatique sur lequel on a beaucoup écrit.  Sagnard tente de saisir  le fond de cette énigme en examinant au plus près ce qui a progressivement constitué le mythe Bronson.
  Bronson  est un gamin  d’Erhenfeld, en Pennsylvannie, au coeur des montagnes des Appalaches, à mi-chemin entre Pittsburgh et Harrisburg.  Erhenfeld est une ville minière où l’on travaille dur pour quelques dollars.  Charles Bunchinsky est issu d’une famille de treize enfants dont une bonne partie travaille au fond de la mine suivant l’exemple du père. Charles sera le premier de la famille à aller au lycée. De son côté Arnaud Sagnard est un gamin de Charenton le Pont loin d’être aussi costaud  que  le jeune Bunchinsky.  Le lecteur va suivre  les lignes de  vie des  deux hommes, l’un poursuivant l’autre, fouillant  chaque recoin de son existence, examinant  une filmographie  où le meilleur côtoie souvent le pire.  Sagnard  ne nous propose pas un exercice d’admiration. Pour lui Bronson n’a rien d’un héros  du cinéma américain , il le voit plutôt comme une incroyable machine à faire des films, une brute de travail  dont l’économie du jeu d’acteur  n’a d’égale que les angoisses qui le tenaillent  et qu’il tente de conjurer  en s’oubliant sur les plateaux. 
   Entre le jeune Arnaud et l’acteur américain va se nouer un lien qui va s’approfondir avec le  temps.   Charles Bunchinsky devenu Bronson va tourner pendant près de 50 ans et l’enquête de Sagnard va tourner à l’obsessionnel :  voyages aux Etats Unis sur les lieux où vécut l’acteur, visionnage  de centaines d’heures de la filmographie bronsonienne, lecture  de tout ce qu’on a pu écrire sur  la plus mutique des stars d’Hollywood. Celui qui fut l’une des figures du justicier américain à travers le personnage  de Kersey véritable assassin sans mobile  qui erre la nuit dans les rues.  “Les victimes changent  au gré des peurs de l’Amérique, les délinquants en maraude laissent place aux organisations  trafiquant de la drogue et à la mafia.”  Ces films sont médiocres mais Bronson est l’un des rouages d’un Hollywood qui se nourrit à l’époque de la duplication du même film décliné dans des suites plus mauvaises les unes que les autres et de celle des cassettes VHS.  Le  cinéma américain est système industriel qui peut faire de l’image d’un homme dans un miroir  le symbole  reproductible  à l’infini des obsessions d’une société.  
   Bronson mourra en 2003 d’une pneumonie, mais l’enquête de Sagnard ne faisait alors que commencer débouchant sur un roman qu’on lit d’une traite.  Ce “Bronson” met à jour comment  l’acteur  survécut à ses peurs en tournant inlassablement des films dont la qualité importait peu et comment le cinéma hollywoodien l’utilisa  jusqu’à l’écoeurement.  Le mythe en prend un coup mais l’intelligence en ressort grandit.  
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)


UNE FILLE ET UN FLINGUE d'Ollivier POURRIOL


Dimitri et Aliocha Koulechov  forment une paire inséparable depuis leurs plus jeunes années et pour cause ils sont frères.  Ils rêvent de tourner leur premier film  mais leur origine en font des fauchés congénitaux. « La seule difficulté  d’interprétation dans un film, c’est le budget … »  Les deux garçons sont élèves à l’école de cinéma dirigée par un certain Luc B. Celui-là-même qui affirme comme un principe : « Un film, c’est un hold-up ».  Dimitri et Aliocha ne vont pas se le faire dire deux fois. Débrouillards, un tantinet voyous mais surtout extrêmement ingénieux,  les deux frères vont s’engager  dans une quête roublarde pour parvenir à leurs fins.
  « Une fille et un flingue » est une magnifique déclaration d’amour au cinéma, un roman  qui mélange les genre avec une gourmandise d’esthète.   Ollivier Pourriol   nous entraîne dans un récit  alerte  où se succèdent usurpations d’identité, rendez-vous manqués, arroseurs arrosés… On bascule dans un folie douce qui voit  se succéder les chapitres  comme autant de bobines d’un long métrage foutraque  mais délicieusement  inspiré.  On s’amuse de la teneur  des cours de Luc  B : «  Je vais vous montrer.  Dimitri, Aliocha , mettez vous à la place de l’acheteur, passez derrière le bar, pour voir. Il faut bien vous vendre quelque chose, puisque vous voulez acheter. Mais on ne peut pas vendre « le film » ;  pour l’instant il n’ y a qu’un scénario, des « notes d’intention », du blabla. Alors on vous vend quoi ? »   On appréciera le ton hésitant entre celui de l’homme de l’art et du margoulin.  On goûtera aussi  le surgissement de Catherine D  dans une affaire qui paraissait bien mal embarquée mais nos deux tchatcheurs ont de la ressource, ils sont même franchement irrésistibles à certains moments au point d’arriver à ajouter l’immense Gérard D  à leur projet.
  Voilà donc nos deux apprentis cinéastes embarqués dans une production qui ressemble à un scénario de cinéma pour notre plus grand plaisir.  « Une fille et un flingue » est un roman plein d’intelligence, de références et d’humour  qui se lit d’une traite dans un fauteuil de cinéma.  
« Silence ! On tourne ! »
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)


dimanche 18 septembre 2016

CORRESPONDANCE 1928-1940 Roman ROLLAND et Stephan ZWEIG


Les éditions Albin Michel arrivent au terme de la publication de la correspondance entre Romain Rolland et Stephan Zweig.  Troisième et dernier volume qui met un point final  à une longue relation épistolaire  dont le fil se rompt le 19 avril 1940  par une  courte et dernière missive  de l’écrivain autrichien qui résidait alors à l’hôtel Louvois à Paris.  
Ce troisième volet de la correspondance de deux auteurs est sans doute celui qui  est le plus affecté par l’histoire, il commence à la fin des années 1920 pour s’interrompre au moment où la France va connaitre l’une de ses plus lourdes défaites  militaires de son histoire.  Cette décennie, l’une des pires de l’histoire de l’Europe,  avait pourtant débuté par le pacte signé en 1928  par les nations qui s’étaient déchirées durant la première guerre mondiale, pacte qui condamnait tout recours au conflit armé, prévoyant même de mettre la guerre hors la loi.  La suite  sera plus prosaïque, revenant  à un cours  moins imprégné d’idéal  bien au contraire.
   Les deux écrivains vont vivre intensément cette décennie dont ils rendent avec passion les couleurs,  les bruits, les atmosphères, les  vibrations  émises par les uns et les autres.  Romain Rolland, qui est un antifasciste de la première heure, se définit politiquement comme “compagnon de route de L’URSS” tandis que Stephan Zweig, plus méfiant  vis à vis de la politique,  s’affirme comme l’un des défenseurs d’une  Europe unie.  Pour son ami français il mettra d’ailleurs trop de temps à se démarquer des nazis.  Pourtant l’écrivain autrichien a pris la route de l’exil dès 1934. En avril 1940,  il vient à Paris pour quelques conférences sur  la “Vienne  d’hier”.  Curieux contraste  entre les préoccupations culturels d’un tout Paris  qui se bouscule au théâtre Marigny tandis que le ciel de l’histoire  se  voile de noir.
    Zweig va finalement s’exiler au Brésil où il se donnera la mort en 1942 et Romain Rolland ne le reverra pas. Il apprendra sa mort par la radio.  Triste dénouement mais cette correspondance riche de la rencontre de deux grands esprits nous permet de suivre leurs parcours respectifs et d’embrasser l’atmosphère d’une époque. Entre un Rolland, parfois entraîné dans les idéologies du moment, et un Stephan Zweig plus distancié, imprégné d’un humanisme qui n’est plus guère dans l’air du temps, naît un contraste qui  fait resurgir une bonne partie de l’histoire européenne depuis la Renaissance.  Et puis n’oublions pas que nous avons à faire à deux grands stylistes, ce qui ajoute encore à notre plaisir. 
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)

LE MENSONGE SACRÉ de Luís Miguel ROCHA




Si Luís Miguel Rocha, disparu prématurément en 2015,  fut le premier écrivain portugais à figurer dans les meilleures ventes du New York Times  ce n’est certainement pas par hasard.  Rocha possédait indéniablement une plume inspirée qu’il trempait dans l’encrier  des plus grands noms du polars et son sens du récit  l’annonçait  comme l’un des futurs maîtres du genre. Hélas! le destin  en a décidé autrement.  Il faut toujours s’attrister de la disparition d’un jeune auteur au regard de toutes ces années d’écriture à venir qui partent en fumée.  Mais il reste cependant des raisons de se réjouir car l’écrivain lusitanien nous laisse son  extraordinaire triptyque  “Complots au Vatican”  dont l’intensité ne faiblit jamais tout au long de ces mille cinq cents pages qui conjuguent l’actualité et l’histoire avec un brio dont on ne se lasse pas. 
   On connait le goût du secret de l’administration vaticane, on sait aussi à quel point l’église a su mettre en scène son rapport au surnaturel pour conforter la foi des fidèles. Mais il peut arriver  que les meilleurs secrets se mettent à vaciller au point de mettre en danger toute l’institution.  “Le mensonge sacré” est le dernier volume de cette trilogie vaticane et comme dans les deux romans précédents Rocha parvient à articuler l’histoire millénaire de  l’église catholique avec le surgissement d’un évènement  inattendu. Au moment où le pape Benoit XVI est élu pape et découvre “le mensonge sacré”, un document  à propos duquel  le pape Clément VII au XVIeme siècle  mentionne qu’il est d’importance vitale et que tous les papes qui lui succéderont devront prendre connaissance de ce secret.  Mais au même moment la découverte d’un évangile apocryphe trouvé près de la Mer Morte menace que tout soit dévoilé.  Rafael, un agent du Vatican va devoir enquêter sur ces documents. Ses découvertes vont faire vaciller tout ce qui constituait jusqu’alors non seulement le socle de sa foi mais aussi les bases de la sainte institution catholique. L’Eglise est au bord du gouffre.  
   Rocha réussit avec “Le mensonge sacré” à refermer sa trilogie sur une note aussi noire que les couloirs du Vatican au crépuscule. Il parvient à conjuguer dans un maelström magistralement orchestré, spiritualité, désir, politique vaticane et fantômes de l’histoire.  L’écrivain portugais fait revivre deux mille ans d’histoire vaticane à travers une enquête où chaque seconde du présent est intimement liée à un passé   qui pèse lourdement sur les vivants.  Un point final qui laisse des regrets éternels….
Archibald PLOOM
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lundi 12 septembre 2016

LA RUE DU BOUT DU MONDE d'Hélène CLERC-MURGIER

Le roman policier historique appartient évidemment au domaine du roman policier mais il constitue à lui seul une catégorie particulière exigeant de l’écrivain un sens de l’intrigue,  alliant psychologie des personnages et  mise en œuvre d’une narration basée sur le suspense, tout en développant un solide arrière plan historique.  Une petite erreur, un anachronisme, et voilà votre roman à jeter aux cochons !  Le roman policier historique est donc un genre risqué mais quand il est inspiré il faut lui reconnaître des qualités qui valent le détour.
 « La Rue du Bout du Monde » d’Hélène Clerc-Murgier possède indubitablement tous les ingrédients nécessaires au genre.  L’écrivain  nous propose un voyage en plein XVIIeme siècle au moment où les oppositions entre catholiques et protestants continuent à alimenter les passions politiques et religieuses. L’action se déroule près d’un demi siècle après la Saint Barthélémy, c’est le règne de Louis XIII qui a succédé à Henri IV et malgré la promulgation de l’Edit de Nantes en 1698 on sent bien que le pouvoir est fragilisé par les intrigues et  les prémisses de la Contre Réforme. Le feu couve mais il n’est pas encore déclaré.  
   Hélène Clerc-Murgier soigne les détails, on découvre le Paris de la première partie du XVIIeme siècle. « Le Grand Châtelet, aux premiers jours de l’été, ne se départait pas de son allure de citadelle qui le rendait réellement sinistre aux yeux des parisiens. Les tours, salies par le temps, les intempéries et l’humidité de la Seine toute proche, semblaient encastrées les unes dans les autres et se fissuraient de toutes parts. Les toits d’ardoise grisâtres ternissaient le ciel, même les jours où le soleil illuminait la cité. De l’extérieur, cette prison semblait une ruine, alors qu’elle abritait les plus lugubres cachots de la capitale et était un des endroits les plus redoutés de Paris. » Le décor est planté. Nous sommes en 1624 et Richelieu  fait tout pour revenir dans le jeu politique. Le pouvoir s’apprête à basculer tandis que de l’autre côté du Rhin le savant Wilhelm Schickard  vient de mettre au point une horloge à calculer. Les plans qu’il a élaboré doivent  être transmis au comte Henry de Schomberg qui habite au château de Vincennes. Le jeune français, Michel Mauregard,  va traverser les provinces allemandes et une partie du royaume de France  pour mener à bien cette mission.   Dans la capitale un rumeur se répand : des femmes seraient assassinées et retrouvées le cœur arraché.  Le lieutenant criminel Jacques Chevassut épaulé par son second, Philippe de May, vont mener  l’enquête  dans Paris et ses faubourgs.  L’affaire se révèle autrement coriace qu’ils ne l’avaient imaginé au départ et puis, à mesure que les événements se précipitent, les autorités se montrent de plus en plus nerveuses et de moins en moins compréhensives.  Les deux hommes vont devoir affronter des intérêts qui les dépassent et découvrir progressivement une réalité aussi terrible qu’implacable.
Entre le polar historique et le roman d’espionnage,  Hélène Clerc-Murgier tisse une toile narrative qui nous entraîne des cabarets du quartier Latin aux échoppes du Pont Neuf, de la cour des Miracles et l’hôtel de Rambouillet.  Son travail de documentation a été considérable et son sens du récit  contribue à rendre son roman profondément réaliste.  « La Rue du Bout-du-Monde »  est un petit régal de polar historique qui place désormais Clerc-Murgier parmi les meilleurs spécialistes du genre. 
Archibald PLOOM
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samedi 10 septembre 2016

L'AUTRE QU'ON ADORAIT de Catherine CUSSET


  L’autre qu’on adorait” est un beau titre de roman tiré d’une des plus belle chanson de Léon Ferré :
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
L'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie
L'autre qu'on devinait au détour d'un regard
Entre les mots, entre les lignes et sous le fard
D'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit
Avec le temps tout s'évanouit

    C’est bien contre le temps qui efface tout que veut lutter Catherine Cusset, ce temps qui pourrait faire disparaître la silhouette de Thomas Bulot, un ami très cher de l’écrivain, qui était parti enseigné aux Etats-Unis et s’est suicidé à trente neuf  ans à Richmond en Virginie.  Catherine Cusset revient sur la vie de celui qui fut, un temps, son amant et pour qui, des années après, elle continuait de nourrir une profonde affection.  Catherine a réussi le concours de normale sup alors que Thomas le manque deux fois.  Il n’empêche Thomas est un spécialiste de l’oeuvre de Proust,  un  grand connaisseur de musique classique et de cinéma au point que l’université  de Columbia à New-York lui ouvre ses portes.  Rien ne semble lui résister, il finit même par être recruté par une université  américaine.  C’est un garçon brillant intellectuellement et un véritable séducteur auquel beaucoup de femmes auront succombé. 
   Pourtant cette trajectoire, que beaucoup envient à l’époque, va progressivement décliner. Sur le plan universitaire son travail manque de continuité et il ne parvient pas à entamer la carrière qu’il ambitionnait dans une grande faculté.  Dans le domaine amoureux, les conquêtes se succèdent sans déboucher sur quoi que ce soit sinon une course en avant sans fin.  Thomas se met à boire, à vivre au dessus de ses moyens, à retarder les travaux de recherche qui devaient faire sa réputation.  Il s’avère que cet  intellectuel brillant est bipolaire et qu’il est en train de sombrer dans un cycle maniaco-dépressif.  Ses amis s’éloignent, sa famille est impuissante et Thomas a beau rencontrer psychologue et   psychiatre chaque semaine, rien ne semble pouvoir arrêter la vrille qui l’entraîne  vers la dépression . L’augmentation des prises médicamenteuses ne produisent que des effets momentanés. Thomas fonce vers un destin tragique sans que personne ne puisse rien y faire, pas même lui, pas même la narratrice.
   “L’autre qu’on adorait” est le roman d’une question, celle, éternelle du lien qui nous attache à l’autre, à celui ou à celle qui compte pour nous.  On retrouve le style vif de Catherine Cusset, le rythme alerte de sa phrase, la densité de son texte. Un roman magistral, profondément psychologique où la mort est mise à distance par l’écriture sans que sa charge tragique ne soit jamais éludée.  Sans doute l’un des romans les plus abouti de Catherine Cusset et l’un des meilleurs de la rentrée littéraire.

Archibald PLOOM

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