lundi 3 octobre 2016

UN DANGEREUX PLAISIR de François VALLEJO

Voilà un de ces romans qu’on commence dans l’allégresse et qu’on abandonne avec regret, un de ces romans plein de saveurs, de parfums et de sensualité.  « Un dangereux plaisir »  est le roman d’une quête obsessionnelle, celle d’Elie Elian, un jeune garçon qui n’est guère inspiré par ce que ses parents lui proposent à manger. En revanche il passe des heures à observer la vie du restaurant qui se trouve en face de chez lui : « ces mains hachant menu à toute allure, saupoudrant des épices en ondes mesurées, arrosant une pièce de volailles en trois cuillerées, coupant la peau d’une dorade royale de deux traits,  séparant le jaune d’un blanc d’un coup sec, escamotant la coquille… » Un véritable spectacle qui n’en finit jamais et que l’écrivain décrit avec une finesse et un soin du détail qui replace  chaque geste dans le mouvement général d’une cuisine de restaurant. 
   Le jeune Elian va consacrer toute sa vie  à la cuisine, au point d’en oublier tout ce qui fait le reste d’une existence.  La cuisine, juste la cuisine, rien que la cuisine. Il va aiguiser son savoir et ses aptitudes de place en place, apprenant en silence.  Mais comme il casse un peu trop de vaisselle il finit par se retrouver à la rue où il  fréquentera toute une faune de mauvais garçons qui lui apprendront  la grivèlerie.  Mais son aventure ne va pas s’arrêter là et Elie va rapidement rebondir  dans le restaurant de Jeanne Maudor qui lui ouvrira sa cuisine et son cœur, préparant  les étapes futures de l’inexorable quête du jeune cuisinier.
   François Vallejo nous offre  un magnifique récit immergé  dans le monde de la cuisine,  qui fonctionne  comme le symbole de la permanence  et qui est assurée par des hommes qui voient leur vie dévorer par leur passion.  Ce que va comprendre Elie dans son enfance, il va le mettre en pratique dans sa vie mais, en vérité, les enjeux profonds lui échappent.  La métaphore de la cuisine  résonne  comme un coup de feu qui durerait une existence entière.  « Un dangereux plaisir »  est un texte somptueux et  tendu qui tente de saisir ce geste aristocratique qui nourrit les hommes.  A ne manquer sous aucun prétexte.
Archibald PLOOM  (CULTURE-CHRONIQUE.COM)

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