lundi 3 octobre 2016

LA MER D'INNOCENCE de Kishwar DESAI


 En Inde les viols collectifs sont malheureusement devenus l’une des mauvaises habitudes d’une société où la répression sexuelle est à tous les coins de rue. Moralisme hypocrite d’un côté,   débordements brutaux de l’autre. Une fois de plus les femmes sont les premières victimes de la folie des hommes et de l’incapacité de certains d’entre eux à contrôler leurs pulsions.  L’affaire la plus emblématique fut le viol collectif en 2012 de l’étudiante Juoti Singh Pandey dans un bus à Delhi. Cette dernière décédera quelques jours plus tard.  Les médias s’alarmèrent, l’opinion se scandalisa  mais les viols collectifs continuèrent de prospérer, les autorités  préférant pourchasser les amoureux qui s’embrassent dans les rues  plutôt que de s’interroger sur les conséquences désastreuses  d’une politique  qui sape progressivement  les bases d’une société qui inventa pourtant le Kama Sutra.
   L’écrivaine indienne Kishwar Desai va s’inspirer de ces faits pour mettre en scène  pour une troisième enquête  Simra Singh cette travailleuse sociale qui est venue passer quelques jours de vacances avec sa fille adoptive à Goa, station balnéaire et l’une des capitales du mouvement hippie.  Ceux qui ont lu les deux précédents, “Les témoins de la nuit” et “Les origines de l’amour”, savent déjà que Simra est le double de l’écrivaine, une femme qui refuse la condition qu’on impose à ses soeurs.
 Dans “La mer de l’innocence”  les vacances de Simra Singh vont être interrompues par le viol puis la disparition d’une jeune anglaise.  L’enquête va révéler un Goa  très inquiétant, celui des trafics de drogue,  des enlèvements de touristes, des meurtres  et des crimes liés à des mafias de toutes sortes.  Le mythe  beatnik s’effondre ainsi que toutes les illusions qu’on pourrait se faire sur le progressisme indien.  Kishwar Desai  est devenue maîtresse dans l’art  de faire progresser son récit . On tourne les pages de plus en plus vite et  on  s’associe au plaidoyer  de l’écrivaine indienne en faveur de la condition féminine dans son pays.  Le roman est d’ailleurs dédicacé à toutes les victimes indiennes de viol. Au terme  de “La mer de l’innocence” on se dit que , décidément, le monde ne va pas bien mais Kishwar Desai sait en faire une peinture implacable et on quitte Simta Singh avec regrets. 
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire