lundi 18 juin 2018

LA POLICE DES LUMIERES de Nicolas VIDONI



L’étude de la police sur le temps long permet de constater qu’elle n’est plus, aujourd’hui, ce qu’elle était au cours de l’époque de la constitution de l’Etat moderne entre le XVIeme et le XIXeme siècles.  Le très large éventail des tâches qui ressortissaient à la police rappelle combien elle n’était pas entendue uniquement dans le sens du contrôle et de répression des populations. En effet, la police avait été pensée, depuis le Moyen Age, comme le pilier de la souveraineté du roi.  L’idée de “police” renvoyait à l’état idéal dans lequel une société était naturellement régulée et fonctionnait selon le principe de l’inégalité des individus et des groupes sociaux.
   La police des lumières” de Nicolas Vidoni souligne la mutation de la police entre le XVIIeme et le XVIIIeme siècles avec la volonté de rationaliser l’action policière qui a induit d’autres réflexions sur ce qu’est une ville,  et comment elle doit être mieux appréhendée par les autorités pour mieux la réguler. Entre 1667 et 1789 la police a évolué et contribué à redéfinir les rapports entre la population et les autorités politiques. Vidoni montre avec beaucoup de sagacité que cette période constitue un virage historique considérable, le nouveau modèle policier était à la fois l’horizon ultime d’une société ordonnée et le moyen pour y parvenir même s’il occultait le fait que les relations entre le pouvoir et les la population avait évolué…
   Une Histoire d’une grande modernité qui permet de saisir le processus d’évolution d’une institution qui ne cessa de  transformer ses rapports avec le pouvoir et la population française.


lundi 21 mai 2018

PHILIPPE D’ORLEANS d’Elisabetta LURGO




Philippe d’Orléans était le frère du roi Soleil et on l’appelait “Monsieur”. Pour le reste il fut l’une des personnalité les plus controversée de son époque. Il faut dire que Philippe  cultivait sa différence avec ostentation et qu’il ne cachait pas son homosexualité au sein d’une cour de Versailles où les dévots pulullaient.  Elisabetta Lurgo nous propose un portrait de cette personnalité hors norme, débarassé des pesants oripeaux que  l’Histoire lui a imposés. 
   Alors que Versailles est visité par des milliers de touristes chaque année, le château de Saint-Cloud son chef d’oeuvre à lui, que “Monsieur” aimait à la folie et que la plus grande partie de la noblesse préférait au palais du roi, est détruit à jamais : incendié en 1870 et rasé en 1892.  Beaucoup de ce qui fit sa fortune  - objets d’art, pierreries, tableaux, bijoux – ont été disséminés par ses héritiers pour en tirer quelques profits. Il ne reste comme témoignage de Philippe que le grand canal d’Orléans  qu’il projeta et finança sur ses deniers.   Ce grand collectionneur semble avoir été effacé de l’histoire, même son corps enterré  dans la crypte de Saint Denis sera profané en 1793 et jeté dans la fosse commune.  
    Tout semble hostile à ce personnage haut en couleur : ses femmes d’abord qui n’auront de cesse de le discréditer, les écrivains souvent implacables tels que Madame de Lafayette ou encore Saint Simon, ses proches aussi qui trempaient leur plume dans le fiel et enfin l’absence de l’intéressé lui même , fort bavard de son vivant mais muet devant l’Histoire.
   Elisabetta Lurgo, dans cette biographie de près de 400 pages, nous permet de découvrir la personnalité réelle d’un homme qui vécut dans l’ombre de son frère mais qui parvint à  imposer  sa différence.  Il était temps d’entendre à nouveau cette voix oubliée.



lundi 14 mai 2018

LES ETATS-UNIS ET LE MONDE de Maya KANDEL


      

Maya Kandel  nous propose dans cet ouvrage de réexaminer l’histoire du rapport au monde des Etats-Unis depuis la naissance du pays, avec une attention particulière au lien entre actions extérieures et évolutions internes.  L’évolution de la politique étrangère américaine est en effet inséparable des soubresauts et aléas de l’identité américaine, définie par la notion d’exceptionnalisme, ancrée dans la naissance et l’histoire du pays.  Kandel  souligne que la politique étrangère  des Etats-Unis est toujours, d’une certaine façon, de la politique intérieure, car le peuple est au coeur du système politique américain. Une certaine adhésion populaire a toujours été nécessaire, même si elle n’exclut pas la manipulation.
   L’ouvrage met en exergue que l’évolution du rapport au monde des USA est à chercher du côté des redéfinitions de la notion d’exceptionnalisme américain, dont l’acception a varié.  Trois autres thématiques sont examinées par Maya Kandel concernant la politique étrangère des Etats-Unis : le rapport de puissance, les intérêts économiques, et la relation à une Europe qui est finalement à l’origine du pays.
   L’historienne réexamine les mythes qui accompagnent la politique étrangère des Etats-Unis en particulier leur prétendu isolationnisme jusqu’à la fin du XIXeme siècle, la rupture de 1898 qui marquerait les débuts de l’impérialisme américain, ou encore le début  du siècle américain  à partir de 1917.
   L’ouvrage qui débute par un rappel sur les pères fondateurs qui menèrent la révolution américaine, est d’une lecture aisée en huit chapitres qui éclairent autant de périodes clefs de l’évolution du pays. Une mise en perspective nécessaire qui permet de saisir  en deux cents pages  l’essentiel  de la relation des Etats-Unis au monde.  



jeudi 10 mai 2018

LES PREMIERS MINISTRES QUI ONT FAIT L’ANGLETERRE d’Antoine d’ARJUZON

   
   Le prologue de l’ouvrage d’Antoine d’Arjuzon  porte un titre de circonstance : “De la nécessité de nommer un Premier ministre”. Car en Grande-Bretagne il est difficile d’imaginer  une politique qui ne serait pas décidée au 10 Downing  Street.  Pourtant il n’en fut pas toujours ainsi. D’Arjuzon rappelle que c’est une situation historique au début du dix huitième qui transforma le Cabinet du premier ministre en véritable détenteur du pouvoir exécutif.   Quand Georges Ier de Hanovre, monte sur le trône d’Angleterre, il ne parle pas anglais et communique avec ses ministres en français ou en latin, du coup le Premier Ministre va se substituer au roi comme chef effectif de l’Etat.     L’anecdote  peut paraître incroyable mais l’histoire a parfois des détours surprenants. Reste qu’hormis quelques personnalités comme William Pitt,  Wiston Churchill ou Margaret  Thatcher le public français ne connait guère les premiers ministres de sa majesté.  L’ambition d’Antoine d’Arjuzon  est  de faire connaitre ces hommes et ces femmes qui ont su mener la Grande-Bretagne à un degré de puissance remarquable  au XIXeme siècle et qui ont lui permis de traverser deux guerres mondiales au XXeme siècle.

    Cette extraordinaire galerie de portraits nous plonge dans l’histoire politique, économique, sociale, intellectuelle et artistique de la Grande-Bretagne.  Des chapitres courts  restituent l’essentiel  du parcours de ces hommes et femmes politiques britanniques qui accédèrent à la plus haute fonction. De William Pitt jusqu’à Thérésa May l’histoire de la Grande-Bretagne se dévoile par petites touches, chacun apportant sa pierre à l’édifice commun.  Un ouvrage indispensable pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur ceux qui menèrent les destinées de la prude Albion.