dimanche 22 avril 2018

HITLER, LES ANNEES OBSCURES Ernst HANFSTAENGL



Les mémoires de ceux qui ont côtoyé Hitler sont toujours des témoignages intéressants pour les passionnés de la période qui vit la montée du nazisme jusqu’à son anéantissement en 1945. Ernst Hanfstaengl fut lui même un personnage haut en couleur  qu’on surnommait le “bouffon d’Hitler” lors de de la marche de ce dernier vers le pouvoir jusqu’en 1937, année où le Furher tenta de le faire disparaître lors d’une mission en Espagne . Dès lors Hanfstaengl deviendra un ennemi implacable de celui qui l’avait pourtant nommé chef du département de la presse étrangère du NSDAP.  Doté d’un solide sens de l’humour Hanfstaengl parviendra a échappé au griffes d’Hitler et deviendra – aussi incroyable que cela puisse paraitre -  un conseiller occulte du président Roosevelt.  Ces mémoires publiées dans les années 1960 étaient, depuis, tombées dans l’oubli. Les éditions Perrin réparent cette infortune et nous offrent la possibilité de les redécouvrir.

  Hanfstaengl prend pour cible le proche entourage d’Hitler  , en particulier Rudolf Hess et Goebbels. C’est une manière de régler de vieilles rancoeurs car ces deux responsables du NSDAP  empêchèrent Hanfstaengl d’avoir l’influence modératrice qu’il souhaitait auprès du chef. On découvrira aussi avec intérêt le thème du rapport du Fuhrer avec les femmes. Intéressant quand on sait qu’Hitler déclarait à ses proches : “ Je n’ai qu’une maîtresse : c’est l’Allemagne”.  Mais derrière cette posture sacrificielle    Hanfstaengl ne voit qu’un être impuissant.
   Ces mémoires révèlent les jeux de pouvoirs au sein du NSDAP puis de la chancellerie.  Ernst Hanfstaengl dit “Putzi” va progressivement être écarté du cercle des proches mais sa vision souvent impitoyable révèlent les pratiques des nazis historiques, qui par leur jusqu’au  boutisme vont entrainer l’Allemagne  dans une aventure qui ruinera le pays et transformera l’Europe en un cimetière à ciel ouvert.



lundi 16 avril 2018

HISTOIRE DU SAINT-SIMONISME de Sébastien CHARLETY




    Autant le Duc de Saint-Simon, célèbre mémorialiste du règne de Louis XIV était tourné vers un passé glorieux autant son descendant Claude-Henri  de Rouvroy, comte de Saint-Simon  qui vécut de 1765 à 1825, était tout entier tourné vers l’avenir.  La réédition de l’ouvrage de référence de Sébastien Charlety  “Histoire du Saint-Simonisme” permettra à tous les lecteurs désireux de découvrir la pensée fulgurante et novatrice d’un homme dont l’oeuvre ne fut vraiment découverte qu’après sa disparition.  Pour lui la politique est la science de la production, c’est-à-dire la science qui a pour objet l’ordre des choses les plus favorables à tous les genres de la production. Si le corps social est constitué par la nation travaillante, l’Etat réside dans la force invisible de ceux qui produisent des richesses.  Saint Simon voyait dans les ouvriers le gros de la classe industrielle, ils étaient le centre de gravité de son système.
   L’idée fondamentale de toutes les démarches intellectuelles et matérielles des saint-simoniens est celle qu’ils prirent à leur maître, la société ne peut subsister, si elle n’a pas une doctrine générale qui assigne à tous ses membres un objet commun d’activité. “L’individu ne vit que de la conscience obscure ou claire d’un idéal social. Il n’est fait que pour servir cet idéal et le réaliser.”  Pour Saint Simon la vie individuelle n’est qu’une face de la vie sociale et la société est une individualité psychologique, une réalité : l’individu isolé est une abstraction, qui ne se conçoit pas.
   Charléty voit le saint-simonisme comme le père de toutes les écoles de réformateurs qui, au nom “de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre”, ont proposé la restauration d’une autorité sociale chargée de répartir plus également la richesse entre les hommes.
   Cette étude introuvable depuis des années et rééditée par les éditions Perrin montre l’incroyable clairvoyance d’un penseur qui percevait déjà le monde comme un réseau complexe. A découvrir absolument.


jeudi 5 avril 2018

FIGURES DU CATHARISME de Michel ROQUEBERT




    Le catharisme et les cathares comptent parmi les grands marronniers des publications historiques dont beaucoup sont souvent plus proches du mythologique que de la vérité  historique.  Michel de Roquebert,  spécialiste incontesté du catharisme,  nous propose avec “Figures du catharisme” une recension des grands noms et des moments clefs du catharisme qui permettra à tous les passionnés de ce mouvement religieux médiéval d'en tirer la substantifique moelle.  Au terme de la lecture de cet ouvrage de près de cinq cents pages l’église se retrouve finalement au milieu du village car l’historien ne s’intéresse pas seulement à des itinéraires vécus et à des aventures individuelles, il nous ouvre aussi à des problématiques plus larges en particulier sur la réalité profonde de la foi cathare mais aussi de la stratégie de ceux qui tentèrent de l’enrayer.
  Figures du catharisme” permettra par ailleurs au lecteur du XXIeme siècle de s’immerger dans le vécu quotidien de ceux qui furent les témoins, les acteurs et les victimes.  Certains sont de simples paysans, d’autres des seigneurs  puissants mais tous devinrent des hérétiques pour l’Eglise romaine et ne tardèrent pas à en subirent les foudre.  Michel Roquebert développe une fresque passionnante qui commence en 1198 avec l’avènement du pape Innocent III jusqu’à la prise en 1276 de Sirmione, dernier des refuges des cathares Occitans en Lombardie.  L’ensemble est rythmé par les grands évènements qui firent  la postérité du catharisme  tout en contribuant finalement à sa perte. Parallèlement la galerie des figures du catharisme que nous propose l’historien éclaire cette étonnante société de croyants possédant de solides solidarités verticales allant des lignages aristocratiques  aux familles paysannes.
   Il faut lire “Figures du catharisme” pour les lumières que cet ouvrage nous offre sur l’une des périodes les plus étonnantes du moyen âge aux croisements du spirituel, du religieux et du politique.   Une synthèse nécessaire et passionnante.