jeudi 8 septembre 2016

CLAUSEWITZ de Bruno COLSON


Nombreux étaient les lecteurs qui attendaient, non sans impatience, une biographie de Clausewitz.  Voilà un général prussien, né en 1780 et mort à 51 ans,  qui aurait pu traverser l’histoire en illustre inconnu comme le fond la plupart des généraux. Il en a été bien autrement et cela  à cause d’un fait unique mais considérable : la publication de son ouvrage “De la guerre” qui aura un retentissement bien au delà de son époque puisque Raymond  Aron lui consacra dans la seconde partie du XXeme siècle deux volumes d’analyses serrées “Penser la guerre, Clausewitz” .  En France il intéressa aussi Guy Debord et René Girard, excusez du peu. Cette pensée remarquablement  structurée continue à être enseignée dans les écoles de guerre du monde entier.  Raymond Aron écrit à son sujet “Romantique et raisonnable, impitoyable en ses analyses et d’une sensibilité frémissante, pauvre au milieu des riches, frustré de la gloire à laquelle il aspirait, Clausewitz appartient à la lignée des Thucidide ou des Machiavel qui grâce à leur échec dans l’action, trouvent le loisir et la résolution d’élever au niveau de la conscience claire la théorie d’un art qu’ils ont imparfaitement pratiqué.”  Mais Clausewitz  a-t-il si imparfaitement pratiqué l’art de la guerre comme le suggère Raymond Aron?  
   La biographie que nous propose Bruno Colson nous offre justement un éclairage à la fois large et précis sur ce que fut le destin de Carl von Clausewitz. Celui que Raymond Aron  présente comme un intellectuel de  la guerre fut pourtant officier d’état major dans l’armée prussienne de 1812 à 1814 mais aussi, ce que l’on sait moins,  dans l’armée russe. Solitaire, sans doute par tempérament, Clausewistz était aussi un officier supérieur de premier ordre, un homme qui savait trancher et prendre des décisions difficiles. C’est ce qu’il démontra sur les champs de bataille jusqu’à Waterloo.  Bruno Colson rappelle aussi qu’après la déroute de l’armée prussienne en 1806 il contribua fortement à sa réforme de 1808-1811.  Un homme dont l’action contredit  donc finalement les clichés qu’on aura pu lire à son sujet.  Pour cette raison cet ouvrage est capital.  Mais le travail d’archives qu’a effectué Bruno Colson et si remarquable qu’il élève  cette biographie  au niveau de ce qui se fait le mieux dans ce domaine. Il suffit de jeter un oeil à l’appareil de notes ainsi qu’aux sources qu’a exploitées l’historien pour prendre conscience de l’énormité de la recherche à laquelle il s’est livré.  Notons enfin la qualité de l’index à la fois riche et précis qui permettra aux spécialistes de circuler facilement dans ce “Clausewitz” qui fera date.

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