Les ouvrages sont nombreux à fleurir ces
derniers mois la tombe d’Ilich Oulianov dit Lénine. La plupart sont roboratifs,
certains inutilement, d’autres sont passionnants comme cet excellent “Lénine, le tyran rouge” de Luc Mary.
L’historien reprend la thèse autrefois avancée par Alexandre Soljenitsyme pour
qui l’obstacle principal à la victoire du communisme fut finalement le peuple
russe. A travers près de quatre cent pages très enlevées Luc Mary examine la
statue du commandeur avec une minutie impitoyable.
On peut effectivement s’interroger sur un mythe
qui dura des décennies après la mort de son fondateur. Celui qui fut le
promoteur de la “Terreur rouge” de
sinistre mémoire a pourtant résisté aux conséquences d’une politique qui purgea
l’URSS de toute forme d’opposition.
Mary n’est pas tendre avec celui qu’il qualifie d’”inventeur du génocide
de classe.” Si au nom de l’idéal
marxiste, Lénine assassine toute forme de contestation il aura cependant quelques mérites et en
particulier celui d’avoir organisé l’insurrection d’octobre 1917 puis d’avoir
engagé un processus de paix avec l’Allemagne avant de commencer la construction
de la société post-impériale sur des bases originales.
Si Lénine réussit à assurer la survie du
régime soviétique, il finit par y laisser sa vie laissant la place à Joseph
Staline qui va se transformer en grand prêtre du culte léniniste. Staline ira
jusqu’à sacraliser le cadavre de Lénine alors même qu’il avait été loin de
glorifier la pensée du père de la révolution bolchévique de son vivant. C’est la santé de Staline qui va finalement
triompher de celle d’un Lénine épuisé par les 7 ans d’une révolution qui
faillit sombrer dans une guerre civile qui laissa le pays exsangue. Lénine dans son testament avait d’ailleurs
écarté Staline du pouvoir pour son arrogance, sa prétention et surtout sa forte
prétention à s’ériger plus en homme d’Etat qu’en fervent défenseur du Parti et
de la révolution.
Luc Mary sait redonner au personnage de
Lénine – sans négliger la dimension polémique - à la fois la chair et l’esprit
d’un homme qui marqua son temps mais aussi les décennies qui suivirent sa
disparition.
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