mercredi 3 janvier 2018

LENINE, LE TYRAN ROUGE de Luc MARY




   Les ouvrages sont nombreux à fleurir ces derniers mois la tombe d’Ilich Oulianov dit Lénine. La plupart sont roboratifs, certains inutilement, d’autres sont passionnants comme cet excellent “Lénine, le tyran rouge” de Luc Mary. L’historien reprend la thèse autrefois avancée par Alexandre Soljenitsyme pour qui l’obstacle principal à la victoire du communisme fut finalement le peuple russe. A travers près de quatre cent pages très enlevées Luc Mary examine la statue du commandeur avec une minutie impitoyable.
   On peut effectivement s’interroger sur un mythe qui dura des décennies après la mort de son fondateur. Celui qui fut le promoteur de la “Terreur  rouge” de sinistre mémoire a pourtant résisté aux conséquences  d’une politique  qui purgea  l’URSS de toute forme d’opposition.  Mary n’est pas tendre avec celui qu’il qualifie d’”inventeur du génocide de classe.”  Si au nom de l’idéal marxiste, Lénine assassine toute forme de contestation  il aura cependant quelques mérites et en particulier celui d’avoir organisé l’insurrection d’octobre 1917 puis d’avoir engagé un processus de paix avec l’Allemagne avant de commencer la construction de la société post-impériale sur des bases originales.
   Si Lénine réussit à assurer la survie du régime soviétique, il finit par y laisser sa vie laissant la place à Joseph Staline qui va se transformer en grand prêtre du culte léniniste. Staline ira jusqu’à sacraliser le cadavre de Lénine alors même qu’il avait été loin de glorifier la pensée du père de la révolution bolchévique de son vivant.  C’est la santé de Staline qui va finalement triompher de celle d’un Lénine épuisé par les 7 ans d’une révolution qui faillit sombrer dans une guerre civile qui laissa le pays exsangue.  Lénine dans son testament avait d’ailleurs écarté Staline du pouvoir pour son arrogance, sa prétention et surtout sa forte prétention à s’ériger plus en homme d’Etat qu’en fervent défenseur du Parti et de la révolution.

   Luc Mary sait redonner au personnage de Lénine – sans négliger la dimension polémique - à la fois la chair et l’esprit d’un homme qui marqua son temps mais aussi les décennies qui suivirent sa disparition.


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