mercredi 3 janvier 2018

LE PLANCHER DE JOACHIM de Jacques-Olivier BOUDON 



    En histoire les traces des gens du peuple sont rares, c’est la raison pour laquelle il ne faut jamais les négliger.  L’historien  Jacques-Olivier Boudon va profiter d’un incroyable concours de circonstances lors d’une visite au château de Picomtal dans les Hautes-Alpes pour faire revivre toute une période de l’histoire de France  dans un petit coin de notre pays.   L’historien  se rendant dans la région va profiter d’une chambre d’hôte dans le château.  Il apprend  lors d'une discussion avec les propriétaires ce qu’ils ont découvert quelques années plus tôt.  Alors qu’ils rénovaient les parquets de l’édifice, apparaissent sous les planches des petits textes rédigés au crayon noir.  Ils sont l’oeuvre du menuisier qui travailla à la réfection du parquet dans les années 1880. Ce dernier se nommait Joachim Martin et il écrivit prophétiquement “Heureux mortel. Quand tu me lira, je ne serai plus.”
   Immédiatement Jacques-Olivier Boudon perçoit le caractère exceptionnel du matériau historique que représente ces centaines de planches calligraphiées.  Il obtient de pouvoir les étudier. . L’aventure commence alors. Il faudra d’abord identifier le menuisier et ceux dont il parle, il faudra aussi tenter de comprendre dans quel ordre il a écrit les phrases qu’il a laissées, se plonger enfin dans l’âme de cet homme pour comprendre la nature du message qu’il a voulu nous transmettre.
    L’ouvrage dévoile donc un extraordinaire message d’outre-tombe qui fait revivre une société villageoise confrontée au progrès économique matérialisé par l’arrivée du chemin de fer, mais aussi à l’avènement de la République.  Au delà de la grande histoire qui suit son cours c’est sans doute quand Joachim évoque les secrets des uns et des autres, quand il aborde la question de la sexualité, qu’il s’avère un témoin passionnant des moeurs souvent cachées de son temps. 
    Le travail de Jacques-Olivier Boudon qui devient à la fois l’interprète et le conteur  d’un récit qui fait surgir  une époque  à la fois si proche et si lointaine.  On saluera la pratique l’historien qui devra chercher dans les archives les documents qui éclaireront les propos d’un citoyen français aussi ordinaire qu’hors norme par sa pratique  du journal intime sur planches de parquet. Vraiment un très beau livre d’histoire.  



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