La
Renaissance telle qu’on nous l’a présentée depuis des siècles ne correspond
sans doute pas au tableau rassurant que suggèrent les productions artistiques, les
châteaux, les textes fondateurs et les
découvertes qui constellèrent cette période historique. Cette thèse est celle de l’historien Didier
Le Fur qui voit dans cette peinture flatteuse le résultat d’une construction dont
l’ébauche se dessina au début du XIXe siècle.
Le mot “ renaissance” lui-même fut d’abord compris dans un sens chrétien, celui de
la régénération qu’offraient le baptême où la pénitence.
En Italie à partir du XVe siècle le terme rinascita qualifiait un phénomène culturel dont l’objectif était de
faire revivre la période antique où l’Italie
était le centre du monde. En France ce sont les auteurs de la Pléïade qui au XVIe
siècle utilisèrent le vocable dans le but de rénover la langue française, pour
en faire la plus belle du monde, rien de moins. Ils assumèrent des emprunts au
vocabulaire des parlers anciens, des idiomes provinciaux, et des langues
vernaculaires européennes, principalement l’italien et l’espagnol. La période des Lumières renforça la vision
progressiste de la période en reliant renaissance italienne et française et en
commettant un contresens durable sur la définition de l’humanisme en
confondant l’apprentissage des humanités
et la conscience individualiste. Au XIXe
siècle la Renaissance ne devint plus seulement le point de départ d’une action
littéraire et éducative mais d’une civilisation. La construction historique prit donc
plusieurs siècles et aboutit finalement à présenter la Renaissance comme un moment
exceptionnel de l’histoire de France, ce
qui servit beaucoup d’intérêts et en particulier ceux des pouvoirs successifs.
Le Fur parvient avec beaucoup de talent à
démonter tous les mécanismes qui contribuèrent à faire de la Renaissance française un nouvel âge d’or qui renouait avec une harmonie perdue, celle
qui caractérisa l’Antiquité.
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