mercredi 14 février 2018

UNE AUTRE HISTOIRE DE LA RENAISSANCE de Didier LE FUR


   
La Renaissance telle qu’on nous l’a présentée depuis des siècles ne correspond sans doute pas au tableau rassurant que suggèrent les productions artistiques, les châteaux,  les textes fondateurs et les découvertes qui constellèrent cette période historique.  Cette thèse est celle de l’historien Didier Le Fur qui voit dans cette peinture flatteuse le résultat d’une construction dont l’ébauche se dessina au début du XIXe siècle.
   Le mot “ renaissance” lui-même fut d’abord compris dans un sens chrétien, celui de la régénération  qu’offraient le baptême où la pénitence.  En Italie à partir du XVe siècle le terme rinascita qualifiait un phénomène culturel dont l’objectif était de faire revivre  la période antique où l’Italie était le centre du monde.  En France  ce sont les auteurs de la Pléïade qui au XVIe siècle utilisèrent le vocable dans le but de rénover la langue française, pour en faire la plus belle du monde, rien de moins. Ils assumèrent des emprunts au vocabulaire des parlers anciens, des idiomes provinciaux, et des langues vernaculaires européennes, principalement l’italien et l’espagnol.  La période des Lumières renforça la vision progressiste de la période en reliant renaissance italienne et française et en commettant un contresens durable sur la définition de l’humanisme en confondant  l’apprentissage des humanités et la conscience individualiste.  Au XIXe siècle la Renaissance ne devint plus seulement le point de départ d’une action littéraire et éducative mais d’une civilisation.  La construction historique prit donc plusieurs siècles et aboutit finalement à présenter la Renaissance comme un moment exceptionnel  de l’histoire de France, ce qui servit beaucoup d’intérêts et en particulier ceux des pouvoirs successifs.
   Le Fur parvient avec beaucoup de talent à démonter tous les mécanismes  qui contribuèrent à faire de la Renaissance française  un nouvel âge d’or  qui renouait avec une harmonie perdue, celle qui caractérisa l’Antiquité.


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