dimanche 22 janvier 2017

UNE BOUFFEE D'AIR PUR d'Amuly MALLADI


Les éditions Mercure de France éditent depuis plusieurs années d’excellents auteurs indiens dans sa collection “ Bibliothèque étrangère”.   Nous avions déjà parlé du roman d’Amrirban Bose “La mort de Mitali Dotto” qui avait été une véritable découverte. Cette fois “La Bibliothèque étrangère” s’augmente d’un nouveau volume   d’une auteure indienne née en 1974, Amuly Malladi, qui nous propose un roman intitulé “Une bouffée d’air pur”  et qui renvoie à l’une des pires catastrophes industrielles que le monde ait connue.  A l’époque l’écrivain n’avait qu’une dizaine d’années mais l’onde de choc qu’a représenté l’explosion de l’usine d’Union Carbide le 3 décembre 1984 à Bhopal a profondément pénétré la conscience collective indienne.
   Le récit commence dans la gare même de Bhopal où, ce 3 décembre précisément la jeune Anjali, attend son mari  Prakash qui ne vient pas parce qu’il a tout simplement  oublié.  C’est à ce moment là que l’air s’empoisonne des rejets  chimiques que l’explosion  de l’usine  vient de répandre dans l’atmosphère  de la ville. Les pages qui relatent les premiers  instants de la tragédie qui  précèdent une indicible panique dans la ville sont  terribles,  dévastatrices,  montrant des habitants pris au piège de leurs poumons et ne trouvant nul  part  où respirer. L’explosion d’Union Carbide c’est l’équivalent   de la première attaque au gaz moutarde le 22 avril 1915 à Ypres. Aucune  échappatoire, des hommes faits comme des rats, des morts par milliers,  des aveugles,  des blessés aux poumons brûlés.
   Anjali va survivre avec des séquelles importantes. Elle considère Prakash comme responsable de son destin, s’il avait été là elle aurait échappé à ce triste sort.  Elle demande le divorce et se remarie avec Sandeep mais l’enfant qu’ils auront sera lui aussi terriblement handicapé. Des années plus tard Anjali rencontre Prakash par hasard…
     Amulya Malladi nous propose un roman qui joue simultanément sur les ressorts dramatiques et humains de cette tragédie.  En adoptant la technique du roman choral, offrant à chaque personnage une voix et un ressenti particuliers, l’écrivain  nous permet de saisir la complexité d’une situation que personne n’a choisie  mais que chacun  s’est vu imposer.  C’est aussi un très beau roman sur la difficulté du pardon. “Une bouffée d’air pur” un roman qui plonge ses racines au coeur de notre humanité et à ce titre il constitue une belle surprise littéraire.
(CULTURE-CHRONIQUE.COM)


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